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Pro D2 – Du suspense, des larmes et des délivrances… Récit d’une soirée hors du temps

Par Loïc Bessière et Yanis Guillou
  • La joie de Brive
    La joie de Brive Midi Olympique - Stéphanie Biscaye
Publié le Mis à jour
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Des cartons, des chassés-croisés au classement, des scénarios fou jusque dans les arrêts de jeu… La trentième et dernière journée de Pro D2 a sans doute été la plus belle et passionnante de la saison. Revivez les points chauds de cette soirée de folie !

Une chose est certaine, quel que soit le niveau, quelles que soient les équipes, quel que soit l’enjeu, le rugby est un sport d’émotions. Tout cela est d’autant plus vrai pour ceux qui ont vécu ce qu’il fallait vivre ce vendredi soir : la dernière journée de Pro D2. Le dispositif était clair, avec l’ensemble des matchs en simultanés et de l’enjeu à (quasiment) tous les niveaux. Devant des publics en folie, la soirée a alors dévié vers le lunaire, l’indescriptible. Les larmes et les cris de la majorité des acteurs sur les pelouses de France traduisaient à quel point cette soirée irréelle a été pleine de suspense et d’émotions. Avant les matchs, il y avait d’abord la lourde pression d’honorer les partants. Comme chaque année, la dernière journée est l’occasion de remercier ceux qui ont tant donné pour les leurs. Dubois à Colomiers, Erbani et Lamoulie à Agen, Gopperth à Provence Rugby… Sans tous les citer, ces joueurs ont participé à ajouter un lourd nuage d’émotions sur les pelouses de l’antichambre de l’élite.

Jimmy Gopperth s’est vu remettre un cadre avec son maillot
Jimmy Gopperth s’est vu remettre un cadre avec son maillot Icon Sport - Johnny Fidelin

La course à la phase finale déroutante

Il y eut ensuite la pression du résultat. En haut d’abord, la course à la phase finale fut déroutante. L’ordre du top deux était à déterminer ; les deux barrages à domicile étaient à prendre pour l’ASBH, le FCG et l’USD ; la sixième place se jouait à distance entre Brive, Mont-de-Marsan et Nevers. La rencontre commence mal pour les Biterrois, malmenés à Chanzy. Il faut dire qu’en dessous du quota de 16 JIFF sur chaque feuille de match en moyenne, une équipe remaniée et rajeunie a été envoyée en Charente. Dans le même temps Grenoble inscrit un, deux puis trois essais sur une pelouse d’Aix-en-Provence pourtant inviolée cette saison. Du côté de la Nièvre, Dax tient tête à Nevers. Une mauvaise opération pour les joueurs de Xavier Péméja : Mont-de-Marsan marque quatre essais en vingt minutes de jeu. Dans cette course à la sixième place, Brive est en difficulté sur sa pelouse, contré par des Biarrots très accrocheurs.

A lire aussi : Pro D2 – Scénarios de folies, cartons en pagaille… Ce qu’il faut retenir de la 30e et dernière journée

Pierre Caillet et les Biterrois commencent sérieusement à trembler pour leur place dans le top quatre. Assez vite, comme s’ils sentent qu’ils ne pouvaient pas être maîtres de leur destin lors de cette soirée, ils sortent leurs smartphones pour savoir ce qu’il se passe dans les Bouches-du-Rhône et dans la Nièvre. Un homme rassure les Héraultais : Erwan Dridi. Averti dès la 13e pour une obstruction, il bisse vingt minutes plus tard, en retard sur un duel aérien. Le FCG finira à quatorze ! Pourtant, les Isérois mènent 20-15 à la pause. Mais ils craqueront dans le deuxième acte, s’inclinant dans les grandes largeurs, 44-20. Béziers est et restera hors du coup, s’inclinant 30-16. Tous les regards sont alors braqués sur cette rencontre entre Nevers et Dax. 52e minute : les locaux, poussés par les "Uson" lancés depuis les travées du Pré-Fleuri, poussent les Dacquois à la faute sur un ballon porté. Jean-Baptiste Singer est prié de passer dix minutes sur le banc.

Las, à un de moins les valeureux Landais récupèrent la balle et partent en contre, prêts à forcer leur destin en allant chercher un inespéré barrage dans la cité thermale. Mais Jope Nasera est en retard dans son duel aérien. Carton jaune. Dans le même temps, Jean-Baptiste Barrère se chamaille et donne un coup de coude dans la tête de Yohan Le Bourhis. Rouge direct ! Dax joue à 12 pour sept minutes ! Dans la foulée Nevers marque logiquement un essai. Encore une réalisation et les Nivernais ont le bonus offensif, critère obligatoire pour passer devant le CAB. D’autant qu’en Corrèze souffle un vent de panique. Dans le même temps, Biarritz revient à trois points (13-10) et passe même devant ! En trois minutes la rencontre bascule en faveur des Basques, les Corréziens sont alors huitièmes ! Mais l’essai de Steeve Barry est annulé après arbitrage vidéo (58e). Le premier tournant de la rencontre, et peut-être de la saison.

Moins de dix minutes plus tard, Léo Carbonneau profite d’un ballon offert par les Biarrots pour prendre dix points d’avance. À la 70e, Taniela Sadrugu rapproche les siens à une unité d’un bonus offensif pouvant sécuriser la sixième place des Coujoux. Surtout que Nevers galère contre quatorze adversaires. Mais Jean-Baptiste Singer se remet à la faute sur un ballon porté et écope d’un nouvel avertissement, et donc d’un carton rouge. Dax finira à treize ! Nevers, avec cet essai de pénalité, prend le bonus offensif. Les supporters des Jaunes et Bleus exultent en tribunes. Au Stadium de Brive, plus que jamais les fans donnent de la voix. Pourtant, leur salut viendra d’un Dacquois, Brice Ferrer. À deux de moins, Dax revient à cinq points et continue de rêver d’une troisième place ! Stupéfaction au Pré-Fleuri. C’est la 78e à Nevers, la 73e à Brive. Les deux équipes évoluant à domicile ont le même objectif : ce dernier essai pour prendre le point du bonus offensif et s’offrir une belle aventure lors de la phase finale.

Ambadiang touché

Nevers pousse, pousse, jusqu’à la 88e minute de jeu. Dax récupère le ballon dans un ruck… avant de le perdre. Luka Plataret marque mais l’arbitre semble avoir sifflé. Fausse joie. Mais après un appel à la vidéo, cette réalisation est accordée. Le stade exulte, les joueurs courent dans tous les sens, se congratulent. Le sixième ticket pour la phase finale est pour eux ! Sauf que, dans le même temps, Brive vient de marquer après un ballon porté et garde sa sixième place. Yohan Le Bourhis n’a même pas eu le temps de transformer l’ultime essai des siens que l’essai du CABCL a fait le tour du stade. C’est dans une atmosphère pesante que l’artilleur passe ses deux derniers points de la saison. La joie aura duré une dizaine de secondes, tragique rebondissement que seule une dernière journée sur un multiplex peut offrir.

Après cette dernière sortie au Pré-Fleuri avant de rejoindre Castres, la douleur est telle pour le très athlétique Christian Ambadiang, que répondre aux questions lui est impossible. Le colosse est incapable de faire sortir le moindre mot de sa bouche. Il est assis sur la pelouse, inconsolable, en pleurs. Des larmes, il y en a aussi beaucoup à Brive après ce scénario hitchcockien. "Trop de choses me passent par la tête, lâche, ému, au micro de Canal +, l’emblématique Saïd Hirèche qui faisait ses adieux au Stadium de Brive. Nous sommes allés se la chercher parce que les résultats n’étaient peut-être pas favorables… On essayait de suivre (les autres matchs, NDLR) mais la connexion était pourrie, il faut que des mecs payent leur facture parce que ça ne passait pas ! Nous en avons chié, nous sommes passés par toutes les émotions et le stade est complet… Maintenant, nous sommes en barrage."

 

Et voilà le tableau complet de la phase finale de Pro D2 !

Tous les détails de la course au Top 14 ici > https://t.co/h1KeJ1WL4Q pic.twitter.com/IaMlQyDsXM

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) May 17, 2024

Beau joueur, Pierre-Henry Broncan a, lui, une pensée pour son ancien coach : "J’ai une pensée pour Xavier (Péméja). Ça a été mon entraîneur à Montauban, c’est mon ami… Et après moi, par rapport à mon petit Alix (son fils, qui est atteint d’un lymphome (NDLR)… Je lui dédie cette victoire" Le manager préfère ensuite s’écarter pour fondre en larmes. Une saison de Pro D2 ce sont 30 journées de disputées, 2 400 minutes de jouées, des déplacements aux quatre coins de l’hexagone et onze mois de travail réduits à néant (ou non) pour un si petit point…

Mais un petit point, c’est déjà beaucoup. La preuve est écrite plus haut donc, mais elle est la réalité du bas aussi. Nous entendons ici le bas de classement, la course au maintien. Celle-ci concernait trois équipes : Rouen, Montauban et Biarritz. Au cours de la soirée, les trois écuries ont chacune eu leur moment d’espoir et leur période dans le rouge. Accrocheurs sur la pelouse d’Aurillac, les Montalbanais ont été les premiers à croire en une rédemption. Tandis que les Biarrots tentaient de résister à des Brivistes en mission, les supporters Vert et Noir voyaient d’un bon œil le début de match de Mont-de-Marsan face à Rouen. Au stade Guy-et-André Boniface, les hommes de Sébastien Tillous-Borde ont d’abord pris la marée, avec quatre essais encaissés en seulement vingt minutes. Tout le monde se dit alors que Rouen est déjà en Nationale. Tout le monde… Sauf les Normands.

Mais un petit point, c’est déjà beaucoup. La preuve est écrite plus haut donc, mais elle est la réalité du bas aussi. Nous entendons ici le bas de classement, la course au maintien. Celle-ci concernait trois équipes : Rouen, Montauban et Biarritz. Au cours de la soirée, les trois écuries ont chacune eu leur moment d’espoir et leur période dans le rouge. Accrocheurs sur la pelouse d’Aurillac, les Montalbanais ont été les premiers à croire en une rédemption. Tandis que les Biarrots tentaient de résister à des Brivistes en mission, les supporters Vert et Noir voyaient d’un bon œil le début de match de Mont-de-Marsan face à Rouen. Au stade Guy-et-André Boniface, les hommes de Sébastien Tillous-Borde ont d’abord pris la marée, avec quatre essais encaissés en seulement vingt minutes. Tout le monde se dit alors que Rouen est déjà en Nationale. Tout le monde… Sauf les Normands.

Arrachement pour Pourteau

Incroyables de caractère, à l’image d’une saison où ils y auront cru jusqu’au bout tout en ayant été derniers depuis le 18 octobre, les Rouennais sont revenus dans le match pour tenter de créer une surprise. Même à 14 après le carton rouge de Willy N’Diaye, c’est avec l’adrénaline du mourant que les coéquipiers de JT Jackson revenaient à égalité (31-31), à quelques minutes du terme. Deux points du nul qui suffisaient un moment à leur bonheur, puisque Montauban ne parvenait pas à contenir les assauts aurillacois dans le Cantal. En dehors du bonus défensif à trois minutes de la fin après l’essai de Coertzen, les hommes de PP Lafont ont de suite réagi par Lewis Bean. La transformation de Jérôme Bosviel fut totalement absurde puisque si importante était-elle, elle a été prise sans la moindre seconde de concentration de la part de l’ouvreur.

La détresse de Franck Pourteau en fin de match
La détresse de Franck Pourteau en fin de match Icon Sport - Icon Sport

Avec son bonus défensif, Montauban était alors barragiste provisoire. Mais ignorants un PP Lafond hurlant de jeter le ballon hors des limites, les gars de Sapiac continuaient de jouer dans leurs 22 mètres pour arracher une victoire. Une peine finalement perdue. Perdants, ils assuraient à Biarritz un maintien sur le fil et offraient à Rouen une opportunité d’être barragiste. Car si à Aurillac, les dés étaient jetés, les Montalbanais et même les Cantalous se jetaient sur les téléphones pour voir la fin de la partie du côté de Mont-de-Marsan. Et alors qu’en cas de victoire, Rouen passait devant Montauban, Noa Kanika et les siens voyaient M. Boulay siffler une pénalité en faveur des Normands dans le camp landais. La rage du Montalbanais Malino Vanaï en voyant l’arbitre siffler la pénalité traduisait la tension palpable.

Au terme d’interminables secondes, Franck Pourteau s’élançait… Et manquait la cible ! Pourtant buteur réputé, l’ancien ouvreur de l’USM ne réussissait pas à être le héros de la soirée. Assommé, Rouen encaissait juste après un essai de 100 mètres qui sonnait le glas des espoirs de maintien. C’est sur les larmes de Campeggia que la soirée s’arrêtait. Des larmes, il y en aura donc eu énormément dans cette soirée d’anthologie…

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Les commentaires (2)
LoupVert Il y a 15 jours Le 18/05/2024 à 10:23

Juste pour l'info de MO un paragraphe apparaît 2 fois.

Tichaut78 Il y a 15 jours Le 18/05/2024 à 09:31

Extraordinaire soirée ! Merci pour ce papier qui en restitue la tension et l'émotion