6 Nations 2023 - Ethan Dumortier, l'heure de l'explosion

C’est l’histoire d’un môme au destin paradoxal. Un gamin que tout un chacun, dans l’aréopage du Lou, s’accordait à annoncer comme un international en puissance après son double surclassement et son titre de champion du monde U20 en 2019, alors même que pas grand-monde n’aurait cru en lui à son entrée au lycée. Pour preuve, les deux clubs formateurs référence de la région qu’étaient le Lou et Grenoble étaient passés complètement à côté de ce gamin à la maturation tardive, formé à Saint-Savin puis poli à Bourgoin, jusqu’à ce que celui-ci commence à briller à l’issue d’un formidable pic de croissance, l’année de ses seize ans.

Peu de gens le savent mais en 2017, Ethan Dumortier fut ainsi tout proche d’engager au centre de formation d’Oyonnax, avant qu’un coup de téléphone de dernière minute venu du Lou change à peu près toute la donne… Le véritable début d’une ascension aussi rapide que régulière, qui vit ce joueur formé aux postes d’arrière et trois-quarts centre intégrer l’équipe professionnelle à 18 ans tout juste, pour deux rencontres de Champions Cup contre Trévise puis le Leinster en guise de baptême à haut niveau.

Poli par Mignoni, éclos sous "Garba"

Par la suite ? Les apparitions d’Ethan Dumortier avec le Lou au niveau professionnel ne furent pas aussi fréquentes qu’escomptées pendant trois ans, le manager d’alors Pierre Mignoni tenant plus que tout à protéger sa pépite d’une exposition trop précoce. Des réserves qui n’encombrèrent pa sle moins du monde son successeur Xavier Garbajosa, bien conscient d’avoir sous les yeux une perle qui ne demandait plus qu’à briller.

La troublante ressemblance entre Dumortier et "Garba", avec un quart de siècle d’écart, achevant de dessiner une sorte de filiation. "C’est vrai qu’Ethan a un profil plutôt longiligne, et que sa polyvalence peut fare penser à celle qui était la mienne, souriait Xavier Garbajosa à cette évocation. Mais la comparaison s’arrête là. Ethan a sa propre histoire à écrire, comme j’ai eu la chance de pouvoir écrire la mienne." 

Une histoire internationale qui débutera donc à Rome, contre l’Italie, en remplacement de Gabin Villière victime d’une fracture du péroné. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, c’est bien connu, et Ethan Dumortier peut à se titre être convaincu qu’il n’a pas volé sa sélection, lui qui affirmait voilà quelques jours espérer « bousculer les codes » au sein du groupe France. Son statut de meilleur marqueur actuel du Top 14 lui en offre en tout cas la légitimité pour le faire, ainsi que son récent exploit face aux Saracens – qui a semble-t-il achevé Fabien Galthié de lui donner sa chance – et ses extraordinaires aptitudes dans le jeu aérien (génétiquement héritée d’un couple de parents baketteurs), si précieuses dans le rugby moderne…