Nationale - Matthieu Vachon (capitaine de Blagnac) : "Ça a été très brutal, je le vis comme une rupture amoureuse"
Au lendemain de l'annonce officielle du dépôt de bilan du Blagnac Rugby, Matthieu Vachon, capitaine et figure historique du club nous a exprimé sa profonde tristesse et son incompréhension face à la situation du club. Il regrette la soudaine nouvelle et se projette sur la suite en retenant l'esprit familial qui animait les Caouecs.
Comment vous sentez-vous moins de 24h après l’annonce du dépôt de bilan du Blagnac Rugby ?
C’est très difficile à encaisser, je le vis comme une rupture amoureuse. Je suis dégoûté, triste. Pour tout vous dire, je n’ai pas dormi de la nuit et pas mangé ce midi, c’est vraiment très difficile.
Vous, les joueurs, ne vous doutiez de rien ?
Il y avait des bruits de couloir depuis décembre comme quoi le club avait des difficultés, qu’on cherchait des financements, qu’il y avait même des possibilités de repreneurs. Mais ce sont des situations que j’avais déjà traversées par le passé avec Blagnac, donc je n’étais pas trop alarmiste. Courant janvier ça s’est accéléré, on parlait de dépôt de bilan alors je me suis un peu plus inquiété et il s’est avéré que l’édifice du Blagnac Rugby était en péril. Mais le couperet a lui été très soudain, ça s’est fait en quelques jours.
Il n’y avait vraiment aucune solution pour sauver le club ?
On n’a pas vraiment été mis au courant de la situation du club donc apparemment il n’y en avait pas non. C’est en tout cas la seule conclusion qui nous a été donnée. La métaphore qui a été utilisée par le directeur général Gaëtan Alengrin a été celle-ci : "Je suis père de famille, j’ai deux enfants. Je sacrifie l’un pour garder l’autre." C’est donc nous qui avons été sacrifiés pour assurer l'avenir de l’association du club et des féminines, mais c’est normal et je le comprends tout à fait. Gaëtan a été très transparent, très honnête sur la situation du club. C’est lui qui a mené la réunion, qui a donné sa version des faits.
À Blagnac, le sportif est toujours allé plus vite que l’administratif
Quelle est-elle justement ?
Il nous a dit qu’ils étaient déjà en difficulté financière lorsqu’ils ont pris la direction du club cet été. Qu’ils se sont trompés certaines fois sur leur stratégie de partenariats, sur plein choses. L’objectif était de doubler le budget du club pour le faire passer à trois millions d’euros mais tout ne s’est pas passé comme prévu, la situation s’est dégradée jusqu’à creuser cette dette monumentale qui ne nous permet pas de continuer en Nationale.
Comment expliquer qu’un club qui fonctionne sportivement même en ayant peu de moyens se retrouve dans cette situation ?
Je ne saurais pas trop l’expliquer, les finances ont toujours été assez opaques. Mais ce qui est sûr c’est qu’à Blagnac le sportif est toujours allé plus vite que l’administratif, ce n’est pas commun. Ce n’est pas comme au Paris Saint-Germain au foot ou à Montpellier au rugby. Là-bas, il y a de gros investissements et le sportif ne suit pas toujours, ici c’est plutôt l’inverse mais je ne sais pas comment l’expliquer.
Il y a eu des pleurs lors de la réunion
Quelle a été la première réaction du groupe au moment de l’annonce ?
Il y a eu des pleurs lors de cette réunion et un élan de solidarité énorme. On s’est dit qu’on n’allait pas se lâcher, que l’association des joueurs serait là pour aider si chacun avait des difficultés. On a tous fait des sacrifices énormes pour jouer à ce niveau-là sans avoir le statut que peuvent avoir d’autres joueurs dans des clubs de la même division. On est plusieurs, moi le premier, à être pluriactifs. Donc on ne veut pas se disperser et garder un lien tous ensemble en attendant de savoir ce qu’allait être la suite pour le club et à titre personnel aussi. Heureusement, Provale (syndicat des joueurs N.D.L.R.) était là. Ils ont répondu à nos interrogations sur la suite, nos salaires et comment rebondir ailleurs en cours de saison.
À quoi ressemble la suite pour vous ?
Dans un premier temps je vais essayer de digérer tout ça. Je vais me concentrer sur le travail, m’entourer de mes proches, la famille. Ce qui est sûr c’est que je n’ai pas envie d’arrêter le rugby, alors je vais voir avec la Fédération dans quelle mesure il est possible de trouver un autre club. Tout va très vite, on a déjà des pistes et des contacts en Nationale et en Pro D2. Et puis il y a aussi des clubs très familiaux dans des divisions bien inférieures (rires).
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