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6 Nations 2024 - Thomas Ramos, chef à l’œuvre : l'histoire d'un cadre qui a montré son caractère

Par Jérémy FADAT
  • En réussissant sa dernière pénalité dans les ultimes minutes de jeu, Thomas Ramos a offert la victoire au XV de France et sauvé la deuxième place dans le Tournoi des 6 Nations.
    En réussissant sa dernière pénalité dans les ultimes minutes de jeu, Thomas Ramos a offert la victoire au XV de France et sauvé la deuxième place dans le Tournoi des 6 Nations. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Auteur de la pénalité décisive qui a offert la deuxième place du Tournoi à la France, Thomas Ramos - placé dans le groupe des leaders avant le début de la compétition - a eu une influence grandissante et déterminante au fil des semaines. Que ce soit dans le jeu, avec son replacement à l’ouverture, ou dans la vie d’un groupe dont il est devenu le guide.

L’aveu est signé Alexandre Roumat, son partenaire et pote : "Quand on a la chance d’avoir dans l’équipe des joueurs comme Thomas Ramos qui, dans les instants importants, savent mettre les points qu’il faut…" L’écran affichait presque soixante-dix-neuf minutes lorsque le numéro 10 français s’est élancé, à cinquante mètres des poteaux anglais, pour offrir un succès ô combien capital aux siens. Malgré la fatigue et la pression, le buteur toulousain n’a pas tremblé. Ses coéquipiers non plus.

Un grand joueur, dans un grand moment, te fait basculer un match

"Normalement, au vu du score, on se place tous sur la ligne pour monter car on ne sait pas ce qu’il peut arriver, ajoute Roumat. Mais j’ai plutôt une grande confiance en lui, donc je me suis mis un peu en retrait. Comme pour montrer que j’étais sûr qu’il allait la mettre. Mais, à l’avenir, il vaudrait mieux que je reste sur la ligne et que je monte (rires)." Puis de conclure sa tirade : "Un grand joueur, dans un grand moment, te fait basculer un match." Ramos est de cette trempe. Et cette pénalité, comme sa réception autoritaire dans la foulée sur l’ultime engagement anglais, sont le reflet de l’influence grandissante depuis un an et demi de Thomas Ramos au sein du XV de France, dont l’aura en interne est à son paroxysme. Comme au Stade toulousain, il est désormais et définitivement un guide en sélection. Celui qui, finalement, devait arracher la victoire samedi et, d’un coup de pied, envoyer enfin valser un récent et si pesant passé. "C’est un mec d’expérience et, avant sa pénalité, je n’avais pas de doute", dit Louis Bielle-Biarrey. Comme Nolann Le Garrec l’avait aussi clamé quelques minutes auparavant, louant "sa régularité".

Thomas Ramos fut un métronome dans le jeu et face aux perches.
Thomas Ramos fut un métronome dans le jeu et face aux perches. Midi Olympique - Patrick Derewiany

Deux représentants d’une jeune et talentueuse génération qui, dans la foulée du funeste match nul à domicile face à l’Italie, a ramené de l’énergie et de l’émulation dans le groupe. Qui a, aussi, pris la roue d’un Ramos devenu patron sur le terrain et en dehors. Il faut dire que le contexte, autant que le caractère du garçon, l’imposaient…

Le salutaire appel à la révolte

D’abord, la blessure de Matthieu Jalibert – et l’absence de Romain Ntamack – ont conduit au replacement de l’habituel arrière à l’ouverture pour les deux ultimes rendez-vous du Tournoi. Au cœur du réacteur donc, et d’un système qu’il maîtrise désormais à la perfection. "Conduire le jeu ou avoir des responsabilités, c’est quelque chose que j’aime", nous confiait-il l’an passé. Or, ce XV de France fragile en avait certainement besoin alors qu’il était à la croisée des chemins, et de son destin, avant le déplacement à Cardiff.

Thomas Ramos fut un métronome dans le jeu et face aux perches.
Thomas Ramos fut un métronome dans le jeu et face aux perches. Midi Olympique - Patrick Derewiany

C’est là d’ailleurs, quelques heures après la faillite face à l’Italie, que l’intéressé avait pris la parole dans nos colonnes et appelé à la révolte : "On doit tous regarder nos matchs individuellement. Que chacun se penche sur ses performances, moi le premier, pour voir ce qu’on apporte au collectif et ce qu’on peut améliorer. Une fois qu’on a fait notre autocritique, on peut se regarder dans une glace et repartir au travail. […] Personne n’a envie de finir au fin fond du classement. Quand j’entre dans une compétition, c’est pour la gagner. Il ne faut pas se leurrer, on ne gagnera pas le Tournoi cette année mais être très mal classé me foutrait les boules. On ne doit pas renvoyer l’image d’une équipe faible. Il reste deux matchs pour se relever et sortir la tête haute." Une sortie forte et salutaire, et surtout un message répété lors des réunions du groupe des leaders qu’il a intégré avant la compétition, lequel fut entendu par Galthié et a donné le ton des deux dernières semaines.

À Marcoussis, la politique de la "câlinothérapie" a laissé place à la remise en question. Jusqu’à bouleverser le fonctionnement et retarder l’annonce de la composition – ce dont il s’est publiquement réjoui : "Cela a apporté plus de fraîcheur, c’était mieux sur le contenu des entraînements." – même si lui avait été prévenu en amont qu’il débuterait avec le numéro 10 dans le dos au Principality Stadium. Symbole, là aussi, de son statut grandissant.

Bonneval : "C’est un patron"

Voilà comment Ramos n’a eu de cesse de prendre du galon. Et, s’il est une constante dans son parcours personnel, c’est d’assumer. Surtout quand il est propulsé en première ligne. Antoine Dupont à 7, Julien Marchand remplaçant lors des trois premiers matchs, Grégory Alldritt forfait contre l’Italie, Gaël Fickou parfois dans le dur ou Maxime Lucu déclassé en cours de Tournoi, Ramos a naturellement vu ses prérogatives élargies. Et plusieurs joueurs nous ont soufflé à quel point son poids, entre les murs du CNR et sur la pelouse, avait été immense dans le redressement tricolore. Question de tempérament. "Thomas est toujours là sur les rendez-vous qui comptent, nous détaillait en septembre son meilleur ami Arthur Bonneval. C’est un patron, que tous écoutent et respectent. Il se trompe rarement dans ce qu’il dit. Il est crédible et sérieux quand il le faut. Par sa présence, il a cette faculté à rassurer." Parce qu’il ne supporte pas l’échec et qu’il se fixe toujours des objectifs très ambitieux. C’est l’histoire de sa carrière.

Thomas Ramos (XV de France) ballon en main face à George Ford et Ollie Lawrence.
Thomas Ramos (XV de France) ballon en main face à George Ford et Ollie Lawrence. Midi Olympique - Patrick Derewiany

Celle d’un mec qui a dû survoler le championnat de Pro D2 une saison, à Colomiers, avant de s’imposer à Toulouse. Ou qui a dû se montrer (très) patient pour chasser les réticences de Galthié à son encontre avant de se rendre incontournable en sélection, lorsqu’il eut enfin sa chance à l’automne 2022. Aujourd’hui, le sélectionneur en a fait un garant de son projet. "C’est aussi dans mon caractère d’apprécier ces situations où on me remet parfois en cause, nous disait-il à cette époque. Je suis un compétiteur, j’aime répondre de la meilleure des façons." Ce qui lui confère cette capacité unique à garder de l’assurance et à rebondir dans la difficulté. Impossible de ne pas y voir un parallèle avec le XV de France dans ce Tournoi… S’il fut royal au pays de Galles, il n’a pas tout réussi face à l’Angleterre, loin de là. Mais il ne s’est pas caché et n’a jamais fui ses responsabilités. Pas le genre de la maison. À l’arrivée, en cadre affirmé, c’est lui qui a délivré les siens au bout du bout d’une compétition éprouvante. Et qui a, encore une fois, placé des actes en face de ses mots.

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Les commentaires (3)
sergiovaldo Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 20:49

Sur ce tournoi Ramos et Cros ont été de loin les plus réguliers et performants eyt ont largement contribué à sortir l'EDF du bourbier dans lequel il s'engluait

PRESIDENT Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 14:24

Ramos est un vrai leader ...ce n'est sans doute pas le meilleur a son poste mais c'est le meilleur buteur , le meilleur capitaine , le meilleur équipier

LeoDuc Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 14:24

Ramos, pour moi la référence de ce XV.